samedi 11 février 2012

Vers d'une nuit


J’ai cru t’apercevoir
Dans un rêve amoureux
Ton sourire dans le noir
Une lueur dans les yeux 

Je t’ai vue t’approcher
Me prendre dans tes bras
Me sourire m’embrasser
Puis…
tu n’étais plus là

Alors voilà pourquoi j’ai décidé de faire le défi 30 semaines. Comme je le disais déjà, l’écriture est un muscle qui doit être entraîné, comme la pensée, comme la raison, et il semble bien que, comme pour le corps, l’entraînement de l’esprit puisse apporter des résultats assez rapidement. Ça fait six semaines que je me soumets à ce petit jeu, et déjà des vers me viennent spontanément en tête, déjà tout formés que je n’ose les retoucher.

Quand j’étais plus jeune – beaucoup plus jeune, au secondaire –, j’avais lu ou entendu quelque part quelqu’un qui disait qu’une fois qu’un vers avait été conçu par l’esprit, il devait disparaître. On devait cesser d’y penser afin que se poursuive sa gestation. Éventuellement, disait ce quelqu’un, le vers allait revenir, complètement formé. C’était donc enlever toute responsabilité à l’auteur, le vers existait de lui-même et on n’était qu’une interface pour lui donner vie en dehors de l’esprit. J’ai cru, un peu, à cette approche pendant un temps, pensant ici et là des vers incomplets que j’oubliais rapidement – et comme ils étaient oubliés, je ne sais pas s’ils n’ont jamais pris forme. Et puis, je n’y ai plus cru, jetant sur papier, de peur d’oublier justement, tous ces vers qui me passaient par la tête, en me disant que j’y reviendrais éventuellement. Je n’y revenais jamais.

Puis, parfois, arrivent des vers comme ceux-ci. Le premier quatrain est apparu, tout formé, vers 4 h dans la nuit de jeudi à vendredi. Je me suis réveillé, et ils étaient là, dans ma tête, sans raison. Peut-être y ai-je pensé en rêve, je l’ignore, je ne me souviens plus de mes rêves depuis longtemps (quelque chose qu’il faudrait éventuellement que je répare…). Je les ai mis sur papier le lendemain matin. Puis, dans le courant de la journée, alors que je travaillais (sur quelque chose de particulièrement plate…), la deuxième strophe est venue s’ajouter. Pour le compléter, car je trouve maintenant qu’ils forment ensemble un tout – ce n’est pas un fragment comme ce que j’écrivais principalement depuis longtemps. Alors, que je me dis, peut-être après tout que c’est vrai, cette histoire de vers qui disparaissent pour murir, et qui reviennent adultes…

J’aime le rythme de ces petits vers couplés – 6-6/7-7 6-6/6-6 – qui était là dès le premier jet, sans que j’aie besoin de retoucher la métrique. Je trouve que ça donne une teinte à l’ensemble, une odeur de naïveté un peu enfantine. Ce rythme et cette naïveté me rappellent un fragment que j’ai écrit il y a plus de 10 ans, en 2001, sur un thème semblable par ailleurs :

Dehors il vente
            Et le Soleil se couche
Mais dans la tourmente
            Ton sourire me touche 

Tes yeux charmants
            Et ta peau si douce
Un baiser d’enfant
            Au coin de la bouche…

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